Petit eyolf

Cette pièce classique d’Ibsen se déroule dans trois lieux différents : un salon au premier acte, un bord de fjord au deuxième, une terrasse en surplomb au troisième acte. Pour recentrer le drame sur l’intrigue, la scénographie est un décor unique : cinq tonnes de terre sont disposées en diagonale du fond de la scène à droite (“lointain cour”) au centre de l’avant-scène. Devant l’impossibilité de déplacer un tel volume d’une date à l’autre, la terre est fournie par le théâtre qui accueille le spectacle : à chaque région ses propres caractéristiques de terre (couleur, odeur, aspect, composition…).
Une fois ce tas disposé, une problématique spatiale doit être résolue : comment tenir un vide lorsque seul un sol existe? La présence de deux grands murs latéraux permet de contenir l’espace. Le lieu de l’intrigue est recentré, tout comme l’adaptation du texte recentre le drame sur les personnages. Cet amas terreux modelé met les acteurs dans un inconfort de déplacement qui sied parfaitement à la pièce. Les lumières, jouant sur les échelles de perception de cette proposition, font évoluer la perception de ce tas de terre et de gravas. D’une assise, il peut devenir une véritable géographie avec ses baies, ses golfs, ses fjords, ses caps se jetant dans la mer...