Un doux reniement

le lieu traversé

Auteur Christophe Pellet
Mise en scène Matthieu Roy
Compagnie Cie du Veilleur
Première

2012

,

Théâtre de Touars

avec Philippe Canales, Romain Chailloux, Johanna Silberstein
Lumières: Manuel Desfeux
Son et musique: Mathilde Billaud
Régie et interface: Alban Guillemot
Costumes: Marine Roussel
Vidéo: Marc Wetterwald
Régie générale: Gabriel Galenne

Nous avons décidé de développer nos recherches sur le rapport entre acteur et spectateur. L’amour conjugal expérimentait le port du casque audio et nous avons constaté qu’il générait un effet singulier sur les spectateurs. Au lieu de se sentir appartenir à une assemblée face à une troupe d’acteurs, il se sentait coupé de cette assemblée, individualisé, en contact direct et intime avec la représentation. Pour Un doux reniement, nous avons imaginé un spectacle pour un seul spectateur. Equipé d’un casque, celui-ci devient le personnage principal d’une pièce théâtrale que nous avons adaptée pour l’occasion. Pour accentuer l’effet immersif, le décor est traversé par le spectateur. Ainsi, ce projet fut l’occasion de travailler différemment: au lieu d’un décor que l’on monte et l’on démonte dans chaque lieu, Un doux reniement est un décor fixe qui se déplace. Une fois une remorque de poids lourd en notre possession, il a fallu trouver les aménagements qui mettent le spectateur dans les meilleures conditions pour “recevoir”, “vivre” cette histoire. Comment représenter de nombreux espaces, extérieurs et très vastes pour certains, dans le simple volume d'une remorque? Comment faire oublier au spectateur le lieu où il se trouve, comment éviter le phénomène tunnel?
Tout la recherche spatiale a été non pas de dilater l’espace, réflexe habituel face à un espace petit, mais au contraire de le contraindre, pour ne jamais donner à lire le boyau dans lequel le spectateur se trouve. En n’utilisant pas tout l’espace disponible, en donnant sur des espaces qui ne révêlent pas leur étroitesse, on “ouvre” l’espace contigu et donc l’imagination du spectateur. Devant l’impossibilité physique de retranscrire fidèlement chaque lieu évoqué dans la pièce et la volonté artistique de déplacer le lieu de l’intrigue, le décor propose une séquence de trois espaces consécutifs. Ils doivent faire éprouver au spectateur ce que le personnage ressent pendant la pièce; c’est une transcription spatiale de ses états, un travail sur la séquence du ressenti, sur la promenade théâtrale. Dans le camion, le premier espace est, comme dans la narration, un train. Assis sur un vrai siège, à coté d’une véritable fenêtre de TER, le spectateur vit le début de la pièce dans une situation très concrète. Il a la sensation de se déplacer car une vidéo est projetée sur la fenêtre contre laquelle il se tient. La scène pivot de la pièce est une scène de dispersion de cendres dans un grand parc. Devant l’impossibilité de la faire exister dans un camion, le mal-être du personnage (malaise, claustrophobie, envie de fuite…) est traduit par l’emprunt, par le spectateur et un acteur, d’un ascenseur au milieu du parcours. Le dernier espace est une chambre universitaire alors que l’action se passe dans une maison où le personnage principal convoque des souvenirs. Le décalage entre le temps du récit et celui exprimé par l’espace (retour à la jeunesse) accentue le trouble qui atteint le personnage à la fin de la pièce. Ce spectacle oblige à gérer tout la technique d’ordinaire prise en charge par les bâtiments théâtraux. Caniveaux techniques au sol, passage de câbles au plafond, isolation thermique et phonique, ventilation: le camion est pensé pour être parfaitement autonome. La régie, qui est utilisée pendant le spectacle prend place à l’arrière de la remorque. Cet espace, utilisé pendant les représentations, devient le lieu de stockage des deux rampes d’accès à la remorque. Ce spectacle de théâtre dit «immersif» interroge la notion de promenade architecturale car, de la ville il ramène à la ville, en faisant un détour par la fiction.

Ce site utilise des cookies. Nous utilisons des cookies pour personnaliser le contenu du site internet et analyser le trafic du site internet. En poursuivant la navigation sur le site, vous acceptez l’utilisation des cookies.

Violaine & Jérémy - Direction Artistique - https://example.com

Radim Pesko - Typographie - https://example.com

Troa - Webdesign & développement - https://example.com